Interview de la ff apres leur concer à l'Olympia.

 

Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas mis le feu à l'Olympia comme ça ! Est-ce que pour vous il y a eu un changement, un avant et un après l'Olympia ?

Sat: Non, je ne dirais pas qu'il y a eu un avant et un après l'Olympia, maintenant c'est bien pour nous d'y avoir accédé. C'était comme une consécration d'atterrir dans cette salle. C'est une belle salle, elle est mythique parce que beaucoup de grands artistes y sont passés. Nous on a pu faire pénétrer le rap de rue à l'intérieur de l'Olympia et ça c'est une fierté. On a introduit notre culture dans un lieu qui n'y était pas forcément ouvert avant. La 2eme chose c'est que c'était complet un mois à l'avance, ça nous a pas mal mis la pression, et les gens autour de nous, nous faisaient comprendre qu'on n'aurait pas eu le droit de se planter. On a donné le maximum et apparemment les gens ont donné l'impression d'être satisfaits. C'est tout ce qui compte pour nous. On a pris notre pied sur scène et pour le public c'était réciproque.

Si vous les aviez écoutés, aujourd'hui vous auriez fait l'Olympia ?

Le Rat Luciano : Je ne pense pas non, on ne l'aurait pas fait. Parce que les enculés, ils voulaient nous faire oublier tout ça. Ils vont se faire foutre, parce qu'on l'a fait l'Olympia, on ne les a pas écoutés. Le fait d'être un groupe qui plait énormément aux jeunes, ça vous donne une responsabilité en plus dans vos textes ?

Le Rat : Personnellement, je suis un jeune parmi tant d'autres, qui vit des trucs, et ça peut être la même vie qu'un autre. J'écris les choses comme je les sens, ça peut blesser, ça peut paraître bête pour certaines personnes, mais je fais le maximum pour bien passer. Des fois je m'en bats les couilles de tout et je fais mon truc.

Sat : On fait notre truc à notre sauce, avec la même recette depuis le début. Maintenant si notre musique va plus loin que là où on avait prévu, c'est peut-être qu'on a travaillé pour ça, pour s'améliorer. Maintenant on représente toujours les mêmes gens, on est toujours en contact avec les mêmes gens, rien n'a changé, les inspirations restent les mêmes. On représente toujours pour les gens qui sont en bas, dans la rue. Après Dieu seul sait où ça peut aller.

Don Choa : On n'est pas des exemples, la vie c'est du freestyle, nique Babylone, garde la tête froide mécréant, sois pas mesquin, mais grand !

Menzo : On ne contrôle pas les gens qui vont nous écouter. Quand les jeunes sont venus nous féliciter après l'Olympia, ça fait plaisir, mais on reste les mêmes, on ne change pas la recette.

Comment s'est fait le choix de la 1ère partie à L'Olympia ?

Menzo : Il s'est fait normalement parce que Le Venin ont fait la tournée avec nous depuis le début, donc c'était obligé qu'ils finissent l'aventure avec nous. C'est un des groupes qui représente à Marseille, parmi plein d'autres, et ça nous faisait plaisir qu'ils soient là. Il manquait le 3eme Oeil, mais il y avait leurs acolytes du 143.

Est-ce que votre vie a changé depuis votre succès ?

Dj Djel : Pour l'instant il n'y a pas eu de changement, mais peut-être qu'il y en aura un un jour et il ne faudra pas cracher dessus non plus. Tous on fait ça pour un jour pouvoir vivre décemment de ce qu'on fait. Demain on peut avoir une maison et une voiture, c'est pas pour ça qu'on crachera sur ce qu'on a vécu. Ça reste une vie comme une autre, j'reprends une phrase de Sat «Nous on ne sera pas des nouveaux riches.» Notre truc c'est pas de se refaire un nouveau milieu ou une nouvelle vie parce qu'on a un peu plus d'argent. En fait c'est pouvoir vivre plus facilement ce qu'on a toujours rêvé d'avoir.

Le Rat : Oui on s'en fout si on a une Mercédes parce que c'est les mêmes potes qui vont monter dedans, c'est pas des nouveaux potes que je me serai fait à cause du succès. Je ferai partager à mes potes ce que j'ai eu grâce à ma musique. Je suis parti de rien et ils le savent très bien ! Si j'arrive un jour à quelque chose, ils seront trop fiers. Je ferai tout pour pas les oublier. Eux, ils ont rien et ils ne m'oublient pas, pourquoi je devrais les oublier ?

Ouels sont les projets de la FF maintenant ? Se reposer, parce que vous avez eu une année très dure ?

Le Rat . Se reposer, je ne crois pas que ce soit le mot juste. On n'a pas le temps de se reposer. On n'a pas de temps à perdre, il faut tout le temps travailler, il n'y a pas de vacances. Pour l'instant on va se concentrer pour faire le 2eme album et puis la vie continue, c'est toujours la même rengaine, la même routine, on écrit tout le temps. On parle tout le temps de rap.

Sat . De toutes façons, tôt ou tard vous serez amenés à savoir nos projets. Comme il l'a dit, Le Rat, on continue au quotidien à bosser nos trucs, on fait notre rap et quand on aura matière suffisante, on verra comment on peut l'exploiter. Soit sortir un volume 2, soit un nouvel album, soit un album solo entre-temps, d'un des membres du groupe. Rien n'est acquis, rien n'est gagné. C'est pas parce que on a fait un album et qu'on en a vendu suffisamment pour se sentir fiers de nous par rapport à notre boulot, qu'on va se dire ça y est, maintenant on tourne la page. On n'est pas en place, on est loin du compte encore, à tous les niveaux. Niveau financier on est loin du compte, niveau rap on est loin du compte aussi. Faut qu'on continue, on n'a pas encore assez prouvé. Faut continuer sur la lancée.

Donc c'est pas demain qu'on verra la FF s'assagir sur scène. Cette fougue, cette volonté de bien faire ne va pas s'atténuer ?

Le Rat : En tous cas, notre volonté elle est intacte. Quand t'es sur une scène t'as envie de leur donner la maximum et ça va durer comme ça.

A l'Olympîa, il y avait énormément d'adolescents qui kiffaient le truc à 100%, qui connaissaient tous les raps par coeur et qui vous supportaient à chacune de vos paroles. Ça vous fait plaisir de voir que vous touchez ce public-là qui est vraiment à un moment important de sa vie ?

Sat : Bien sur, mais il va falloir se faire à une idée, c'est que maintenant il y a beaucoup de gosses qui ont grandi avec le rap et cela n'a pas été notre cas. Nous, quand on a commencé à écouter du rap on avait 16/17 ans. Maintenant, il y des gosses de 16/17 ans qui en écoutent depuis 6/7ans. Donc c'est normal que quand ils arrivent à cet âge-là, ils aillent dans les concerts écouter les groupes qu'ils aiment. Nous quand on les entend reprendre nos paroles, ça donne des frissons, parce que ça veut dire qu'ils se reconnaissent dans ce que tu dis, et qu'ils apprécient au niveau du flow et du texte, et ça fait chaud au coeur. Il n'y a qu'en concert que tu peux te rendre compte de ça ou alors quand tu marches dans la rue et que tu tombes sur des gens qui viennent parler avec toi et qui te disent : «Respect pour ce que tu fais, franchement tu représentes, ce que vous dites c'est la réalité.» Qu'ils soient de Metz, de Lille, de Paris, de Dunkerque de n'importe où, ils ont l'impression qu'on parle pour eux, même si tu les connais pas à la base ou que tu n'habites pas dans leur coin.

Il n'y a pas longtemps vous étiez invités à une émission de radio avec monsieur Didier Morville alias Joey Starr Vous vous connaissiez déjà depuis longtemps ?

Sat : Vaguement, on s'était rencontrés à quelques reprises.

Comment s'est passée I'émission ?

Menzo - C'était le feu. C'est une personne très agréable. Lui, il nous a bien accueilli, il était content qu'on soit là, on était content d'être à son émission.

La Rat : C'est quelqu'un comme nous qui fait de la musique et le feeling est passé.

Sat . C'est fort, on est arrivés chez lui, on était tout de suite à l'aise. Il y avait plein de jeunes comme nous, plein de gens qui venaient pour assister à l'émission et ça s'est fait en toute simplicité. Tu ne peux pas faire plus simple. Tu vois ça avec l'esprit hip-hop. Il y a des Dj's qui sont là, avec tout un tas de disques, qui te demandent les faces B que tu veux et qui t'enchainent ça. Il y a les gens derrière toi, tu rappes, lui il était à fond avec nous, franchement ça faisait plaisir,

Don Choa : C'est bien d'inviter des gens quand tu as une émission de radio sur Skyrock. Il y en a qui devraient prendre exemple. Ils nous ont invités mais ils ont aussi invité Carré Rouge qui sortent leur maxi, ils en parlent c'est bien C'est des vraies émissions hip-hop.

On vous compare beaucoup à NTM au niveau de la scène. Les gens disent qu'il n'y a que NTM et FF qui ont cette fougue et cette rage sur scène qui font que quand on sort d'un concert de NTM ou de la FF, en a vu quelque chose qui frappe et qui marque.

Sat: Ça fait plaisir d'entendre ça. On a le respect du public, des gens qui nous écoutent, donc on se dit que quand ils viennent à notre concert, déjà ils ont acheté une place, il y en a certains qui font carrément des voyages pour venir nous voir. On a plus d'une centaine de-potes qui sont venus de Marseille et d'autres villes de France. Comme disait Don Choa, tu ne peux pas les décevoir. Ces gens-là ils ont tout fait pour venir, alors arrivés sur place ils ne faut pas qu'ils se disent : «Putain ils nous ont pris pour des cons». Il faut qu'on donne le maximum à chaque fois, pour eux et puis pour nous, parce que si on ne donne pas le maximum pour nous, à la fin du concert, notre fierté personnelle va en prendre un coup. C'est les événements qui nous rendent plus forts et qui peuvent encore plus nous souder.

Quel enseignement tîrez-vous de tout ce qui vous est arrive depuis les bad boys de Marseille ?

Sat . Dans la vie, rien n'est acquis mais quand on prend la peine de se consacrer à un truc et qu'on s'entoure de personnes qu'on aime et qu'on respecte, il y a quelque chose à faire.